Koungheul, une ville marquée par l’inégalité sociale

Abdou Karim GAYE

Existe-t-il au Sénégal une population de seconde zone dans un pays où nous sommes censés naître tous égaux? Une population favorisée, élevée et prioritaire devant une autre délaissée, oubliée et abaissée. Koungheul subit ses pires moments qui résultent sans doute des conséquences d’un exode massif de sa jeunesse vers la capitale ou l’émigration clandestine au péril de leurs vies.

Koungheul est une ville en lambeaux, dépourvue de toutes les infrastructures de base alors qu’elle sert de base politique à des autorités véreuses qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels

a majeure partie de la jeunesse de la ville va à la recherche de profit pour joindre les deux bouts ou d’une bonne éducation afin d’assurer des lendemains meilleurs. Il est clair que rien ne peut retenir une jeunesse qui va à la recherche des moyens surtout s’il n’ y a rien qui motive cette couche de la population à rester chez elle.

À Koungheul, il n’ y a pas d’entreprise qui recrute les jeunes et l’entreprenariat n’est pas accompagné ni facilité. Il serait même très difficile d’attirer les industriels à s’installer dans cette zone car l’électricité distribuée ne suffit même pas pour les ménages. En effet, les délestages sont récurrents tout au long de la journée et ce, depuis l’avènement de la haute tension qui était censée supporter l’augmentation de la demande en électricité de la population croissante.

Toutefois, cette solution technique choisie au détriment de la population n’est que peine perdue. Nous n’avons jamais connu des coupures d’électricité aussi intempestives au temps où nous utilisions les groupes électrogènes ; ils auraient peut-être dû être maintenus même s’ils consomment trop de carburant.

Il est clair que rien ne peut retenir une jeunesse qui va à la recherche des moyens surtout s’il n’ y a rien qui motive cette couche de la population à rester chez elle

Il faut noter l’existence d’un autre problème non moins inquiétant qu’il faut vaille que vaille résoudre. Il s’agit du manque d’eau potable. Pas plus tard qu’au début du mois de septembre 2020, Koungheul est resté 3 jours sans aucune goutte d’eau dans ses robinets. Nous ne pouvons pas rester une seule journée sans ressentir une pénurie d’eau; c’était le cas le jour du jour de la fête de la Tabaski.

En plus de cette pénurie d’eau, la qualité de l’eau est peu désirable. Finalement, boire l’eau du puit ou celle des pluies est devenu plus sain que l’eau qui provient du robinet en traversant les tuyaux. Cette mixture rougeâtre comme extraite du fer n’est-elle pas une menace pour la santé publique? L’eau, ce service public payé, constitue un danger public qui guette la santé de la population koungheuloise.

En outre, l’occupation anarchique des camions sur la voie publique est déplorable et mérite de faire l’ objet d’un débat sérieux. A longueur de journée, la route nationale se transforme en parking à la merci des camionneurs qui obstruent les accès aux domiciles des populations. Leur stationnement rend difficile la traversée de la route, particulièrement pour les enfants, et ce danger peut occasionner des accidents de la route. Où est la municipalité ? Pourquoi ne réagit-elle pas face à cette situation ? Dans tous les cas, elle n’est pas censée ignorer la pollution sonore issue de l’accélération des moteurs à l’arrêt afin de remplir leurs réserves d’air. Cela empêche tout repos ou sommeil des populations riveraines de jour comme de nuit.

L’eau, ce service public payé, constitue un danger public qui guette la santé de la population koungheuloise

L’insécurité est aussi un fléau qui mériterait d’ être évoqué. Koungheul est un département d’environ 200 000 habitants avec une population majoritairement composée de jeunes. L’on se demande comment cette ville a pu et continue de rester sans commissariat de police au regard des nombreux cas d’agressions notés dernièrement. En atteste celle commise sur le gérant d’une dibiterie qui a perdu la vie suite à ses blessures.

Koungheul est une ville en lambeaux, dépourvue de toutes les infrastructures de base alors qu’elle sert de base politique à des autorités véreuses qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels. Quand comprendront-ils que la politique n’est rien d’autre que l’art de bien gérer la cité ? Ceci est une modeste contribution d’un habitant de Koungheul qui porte un regard critique et constructif sur la gestion des affaires publiques de sa localité.

 


Source photo : klinfos.com

Abdou Karim Gaye

Né à Koungheul, Abdou Karim Gaye poursuit des études supérieures en structures métalliques et en électromécanique. Il travaille actuellement comme chef de projet de réparation navale dans une entreprise de réparation navale au port de Dakar.

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