« Il faut que la communauté s’approprie l’école, l’anime et y fête l’excellence » Ibrahima Diassy, Conseiller municipal à Goudomp

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Extraits

Que faut-il faire pour impliquer les communautés dans la vie de l’école publique ?

La première des sources de financement que l’école doit avoir, c’est la commune, c’est la communauté. Si la communauté s’approprie de l’école, c’est une base pour tout processus de financement. C’est la communauté qui doit animer l’école. L’école a besoin d’être animée et de vivre. L’école a besoin d’être fêtée. Il faut fêter l’excellence. C’est le rôle de la communauté qui doit épouser l’école pour que celle-ci émerge.

Il faut fêter l’excellence. C’est le rôle de la communauté qui doit épouser l’école pour que celle-ci émerge

Dans le département de Goudomp en Casamance, on constate que beaucoup d’enfants abandonnent l’école pour les travaux champêtres ou pour le ramassage d’anacardes. Cela n’est-il pas un phénomène qui bloque l’alphabétisation dans la région ?

On l’a remarqué effectivement. C’est un problème lié à la paupérisation après quinze à vingt ans de conflits. La principale richesse de la Casamance, c’est ses rizières et ses fleuves poissonneux. Mais s’il n’y a plus de poisson, ça pose problème. Si nos rizières ne sont plus productives à cause de la salinisation, il y a problème. Ces deux phénomènes accentuent la pauvreté. Quand il y a la pauvreté, ce sont tous les maillons de la société qui sont touchés parmi lesquels nos enfants. Pour que l’enfant puisse étudier, il faut qu’il y ait d’abord à manger, à boire, où se loger. Si cela fait défaut, cela peut être source de déperdition scolaire.

Mais on ne peut pas se dédouaner. Il faudrait quand même faire de la sensibilisation. Je crois que cela a tendance à disparaître. Maintenant, ce n’est pas en un jour que l’on va enrayer la déperdition scolaire de la commune. Nous y travaillons. L’association des parents d’élèves que je dirige a eu à mener beaucoup de campagnes de sensibilisation qui ont donné des fruits.

Pour que l’enfant puisse étudier, il faut qu’il y ait d’abord à manger, à boire, où se loger. Si cela fait défaut, cela peut être source de déperdition scolaire

Entre mars, avril et mai, on voit également beaucoup de femmes ne sont plus disponibles pour aller à l’école. Qu’est-ce qui explique cela ?

Si vous voulez faire des cours d’alphabétisation en plein hivernage, la femme va préférer cultiver sa rizière

C’est un manque de programmation. Si vous voulez faire des cours d’alphabétisation en plein hivernage, la femme va préférer cultiver sa rizière. Bien que l’alphabétisation ne doive pas être reléguée au second plan, l’alimentation est indispensable pour la survie de la famille. Ce qui fait que la culture est primordiale. Les techniciens de l’alphabétisation et les ONG qui œuvrent dans ce domaine, en collaboration avec les autorités communales, doivent établir un programme bien défini. à chaque département sa spécificité, il faut voir cela.

 

Crédit photo: News A Dakar

Ibrahima Diassy

Ibrahima Diassy est conseiller municipal dans la commune de Goudomp.

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