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Extraits
Les valeurs fondamentales de la culture sont pour le moment préservées mais elles sont menacées par le modernisme et ses conséquences telles que l’internet, l’individualisme ou le manque de considération de certaines occasions qui permettaient la transmission de génération en génération. Je veux citer par nos traditionnels kassak, les contes, les rencontres annuelles entre différentes générations, les cérémonies de mariage, entre autres.
Est-on en train d’assister à la perte de nos valeurs ?
D’un côté, on est en train d’assister à la perte de nos valeurs. Si l’on n’y prend pas garde, avec la nouvelle génération, on finira pas tout perdre. Comme vous le savez, nous vivions en communauté. Nous ne formions pas une famille fermée, limitée au père, aux enfants, à la femme. Mais on avait une vie à l’africaine, une famille élargie où le brassage était là. Le même climat qui était mis en place au niveau de la maison pour préserver nos valeurs était maintenu dans la rue. On avait le droit, comme on le faisait avec sa propre famille, de corriger l’enfant d’autrui quand on le trouve dans la rue à faire quelque chose non conforme à nos valeurs. Mais c’est difficile de pouvoir maintenir ces positions aujourd’hui. C’est pour cela je dis que c’est menacé. Plus on avance, plus on perdra ces valeurs.
Le même climat qui était mis en place au niveau de la maison pour préserver nos valeurs était maintenu dans la rue
Face à cette perte des valeurs, en tant qu’élu, avez-vous pris des initiatives pour mettre en place des structures de valorisation du patrimoine culturel?
De façon formelle, il n’y a pas des structures qui ont été mises en place pour tenter de maintenir ces valeurs. On trouve des troupes théâtrales dans la commune ou dans certains villages. Certains groupes sociaux organisent des journées culturelles, sans compter nos griots qui, de façon timide, tentent de valoriser notre culture.
De notre côté, il existe une volonté politique de mieux faire mais il faut que les acteurs culturels puissent s’organiser et accepter de s’investir dans ce domaine sous l’encadrement de la collectivité et les décideurs. Malheureusement, on ne trouve pas beaucoup d’acteurs engagés dans le domaine de la culture au niveau local.
Est-ce dû à un manque de structures adéquates pour les accueillir ou à un manque de volonté de la part des acteurs culturels ?
Il y a des jeunes qui ont la passion du théâtre et qui s’activent depuis très longtemps mais malheureusement, ils n’ont pas l’encadrement qu’il faut
Il faut mettre les deux à la fois. Quoi qu’on dise aussi, il n’y a pas assez de structures d’accueil pour la culture. Il n’y a pratiquement pas d’infrastructures culturelles dans la commune mis à part le théâtre de verdure. Il y a aussi un manque de dynamisme des acteurs culturels. C’est de façon épisodique qu’ils réagissent pour certaines occasions. Il ne faut pas désespérer. Il faut continuer à faire la promotion de la culture. Il faut continuer à encadrer certains jeunes qui ont de la passion. Il y a des jeunes qui ont la passion du théâtre et qui s’activent depuis très longtemps mais malheureusement, ils n’ont pas l’encadrement qu’il faut. Cependant, ils ont la passion et la volonté. On les voit depuis plusieurs années s’organiser et essayer de sensibiliser la population à travers la culture.
Votre commune accompagne-t-elle le secteur de la culture par des subventions?
Oui. Nous savons que la culture est le parent pauvre des associations sportives et culturelles (ASC). En dehors de la subvention donnée aux associations sportives et culturelles, nous avons une ligne attribuée chaque année aux acteurs culturels qui est gérée par le président de la commission culture, sports et loisirs. C’est cette ligne budgétaire qui finance les projets culturels présentés à la commune, sans oublier l’accompagnement des acteurs qui participent à certaines activités culturelles organisées au niveau régional et au niveau national.
Peut-on avoir une idée nette du montant de la subvention allouée au secteur de la culture?
Il y a 1.850.000 francs CFA réservés à la culture au niveau des fonds de dotation. Rappelons que les associations sportives et culturelles sont subventionnées chaque année à raison de 100.000 francs par ASC. Nous en avons 26. Ce financement est destiné au sport et à la culture. Malheureusement, toute la subvention va au sport.
Il y a 1.850.000 francs CFA réservés à la culture au niveau des fonds de dotation
Crédit photo : Enquête Plus
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