« Parmi les besoins des populations de Grand-Yoff, la sécurité occupe une place importante », El Hadj Ibrahima Ndiaye, Conseiller municipal à la mairie de Grand Yoff

El Hadji Ibrahima Ndiaye

El Hadji Ibrahima Ndiaye est conseiller municipal à la mairie de Grand-Yoff. Il est le président de la commission « Coopération décentralisée et participation citoyenne ». Ibrahima Ndiaye a aussi travaillé au comme Responsable de la communication du Plan climat énergie territorial de la ville de Dakar.

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Extraits

Lorsque vous parlez d’aménagement du cadre de vie à Grand-Yoff, vous dites qu’il y a des programmes communaux qui sont mis en place. Mais comment sont-ils articulés avec les programmes étatiques comme le programme zéro déchet de l’État par exemple ?

Certes, il y a des programmes communaux qui sont réalisés par le budget de la commune, mais il faut également comprendre qu’il y a des programmes qui sont réalisés par l’État et qui interviennent directement dans la commune. Par exemple, le programme Promovilles intervient directement au niveau de Grand-Yoff, surtout au niveau de la zone de Front de Terre.

Si vous prenez également l’assainissement, ce n’est pas une compétence transférée même si, à un certain moment, la collectivité locale est obligé d’intervenir. Durant les inondations, nous n’avons pas attendu que l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) vienne pour régler le problème de l’assainissement. Nous avons anticipé en faisant le curage des canaux d’assainissement à ciel ouvert pour préparer l’hivernage. L’ONAS est également intervenu à un point parce que l’entretien des réseaux d’assainissement est de son ressort.

Nous espérons au moins que les infrastructures de base qui doivent exister dans une collectivité locale soient présentes à Grand-Yoff

Nous essayons en tout cas de travailler en parfaite intelligence avec les services de l’État qui doivent intervenir au niveau de la mairie. N’oublions pas que la mairie est un démembrement de l’État c’est à dire que ce sont des compétences qui sont transférées à la collectivité locale. Mais tout ne peut pas être fait par la collectivité locale. Il y a des limites et il y a des moments où il faut forcément l’intervention de l’État dans sa mission régalienne.

Parmi les nombreuses limites des communes et des collectivités locales qu’on mentionne, on parle souvent du manque de ressources. Il y a délégation de compétences de la part de l’État, mais pas forcément les ressources qui vont avec. Est-ce que vous faites ce constat?

Je ne fais pas le constat, je le confirme parce que je le vis. N’oublions pas que le conseil municipal délibère et il donne mandat au maire d’exécuter un budget. Je vais donner un exemple très simple. Avant l’acte 3 de la décentralisation, la mairie de Grand-Yoff avait une masse salariale mensuelle de plus ou moins 17 à 20 millions. Après l’acte 3 de la décentralisation, la masse salariale de la mairie dépasse les 50 millions parce qu’on nous a transféré des ressources humaines.

L’acte 3 a dévolu un patrimoine aux collectivités locales, c’est à dire un certain patrimoine que la ville gérait mais qui revient maintenant à la collectivité locale. Ce transfert de patrimoine s’accompagne d’un transfert de ressources humaines. Je vous ai parlé du SAMU municipal, un hôpital qui a été sous la tutelle de la ville de Dakar avant l’acte 3 de la décentralisation. On sait que la masse salariale d’un personnel médical est très lourde. Cela nous a été dévolu et nous devons le supporter. Ce qui fait que ce que l’on payait mensuellement avant l’acte 3 de la décentralisation a été multiplié par trois alors que l’État n’a pas transféré des ressources. Cela pose problème.

Avant l’acte 3 de la décentralisation, la mairie de Grand-Yoff avait une masse salariale mensuelle de plus ou moins 17 à 20 millions. Après l’acte 3 de la décentralisation, la masse salariale de la mairie dépasse les 50 millions

Vous avez parlé de trois sujets principaux dans lesquels vous avez investi : l’amélioration du cadre de vie, les infrastructures et la santé. Mais aujourd’hui, selon vous, quels sont les autres besoins pressants des populations de Grand-Yoff?

Parmi les besoins pressants des populations, je pense que la sécurité occupe une place importante. Je dis cela parce que Grand-Yoff a connu une évolution rapide, la commune s’est agrandie mais elle a aussi connu une explosion démographique. Figurez-vous que sur une surface de 1.000 kilomètres carrés, vous avez une population officielle qui avoisine les 200.000 habitants. Officieusement, les autorités municipales disent qu’on est à peu près à 300.000 habitants. Cela pose problème parce qu’il y a une paupérisation, une concentration humaine à Grand-Yoff. Forcément s’il y a une paupérisation de la population, cela s’accompagne d’une certaine promiscuité. Et donc, les germes de la violence sont là.

Quel est le futur que vous voyez pour la commune ?

Pour Grand-Yoff, je vois un futur radieux. Je vois un futur avec plein d’espoir, mais également un futur plein de défis. Il ne s’agit pas de dire que le futur est plein d’espoir, il y a justement des défis qu’il nous faut relever, surtout au niveau de l’équipe municipale. Nous avons commencé un travail en termes d’infrastructures. Nous espérons au moins que les infrastructures de base qui doivent exister dans une collectivité locale soient présentes à Grand-Yoff. Je vous ai parlé de la maternité que nous avons complètement rasé et construit à nouveau pour donner beaucoup plus de qualité aux services sanitaires. Nous allons l’équiper avec du matériel de dernière génération.

Sur une surface de 1.000 kilomètres carrés, vous avez une population officielle qui avoisine les 200.000 habitants. Officieusement, les autorités municipales disent qu’on est à peu près à 300.000 habitants

Je vous ai également parlé du SAMU municipal dont nous avons relevé le plateau technique. Je vous ai parlé de la construction du Centre de santé de Khar Yalla parce que Khar Yalla est le quartier le plus peuplé de Grand-Yoff. Et au-delà de ça, nous avons fait le pavage, nous avons réhabilité l’état civil, nous avons réhabilité certaines mosquées et ainsi de suite. En réalité, du point de vue de la qualité de service pour les infrastructures sociales de base, nous avons beaucoup fait, mais cela ne suffit pas. Il faut en faire davantage pour rapprocher les Grand-yoffois de ces infrastructures sociales de base.

L’avenir est plein de défis. Il y a des choses qui ont été réalisées, il y a beaucoup qui nous attend. Il nous faut avoir une politique cohérente, qui se situe dans la continuité, non pas dans la rupture, quelle que soit l’équipe municipale qui viendra lors de la prochaine élection.

Crédit photo: WATU Digital Lab

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