Les entretiens de WATHI – Les régions du Sénégal – Focus Saint-Louis
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Extraits
Quel est l’impact de la diaspora sur leurs communautés d’origine dans le département de Podor?
Depuis que nous, les Bokénabés qui sont de la diaspora, sommes revenus, certains d’entre nous avons essayé d’amener une nouvelle stratégie pour redonner un coup de pouce économique dans notre village compte tenu de l’expérience que nous avons acquise ici au Sénégal et à l’extérieur. Nous nous sommes organisés depuis maintenant trois ans et nous nous évertuons à résoudre autant que faire se peut les problèmes du village de Boké Dialobé. Ils sont nombreux, c’est vrai, mais depuis 2016, nous avons essayé de régler quelques-uns.
Les personnes de la diaspora peuvent avoir un grand impact sur leurs communautés. Nous avons organisé 72h d’activités dans mon village. Durant ces trois journées, on a conscientisé nos parents qui sont là-bas qui, la plupart du temps, attendent tout des émigrés. On leur a fait comprendre qu’ils peuvent, de là où ils sont, créer des emplois, travailler sans pour autant attendre rien de personne.
Cette synergie a fait qu’après ces 72h d’échange, nous avions des rizières qui n’étaient pas cultivés pendant un bon bout de temps, maintenant elles vont l’être. Il y a la mise en eau qui a été faite le samedi dernier, aujourd’hui ils vont recommencer la culture du riz et d’autres qu’ils sont en train de faire grâce à cette initiative de ces pairs qui sont venus de la diaspora et d’autres qui sont installés au Sénégal. Nous avons des cadres qui nous aident à travailler ensemble pour régler nos problèmes.
Comment les nouvelles technologies ont facilité les efforts de solidarité dans votre localité en particulier avec les membres de la diaspora?
Je vais vous donner un exemple pratique qu’on a fait. Vous savez nous en 2016, il y avait déjà deux de nos jeunes qui avaient créé un groupe Whatsapp et dans ce groupe comme tout autre groupe Whatsapp, c’est juste les « salamalecs » et des choses qui ne sont pas productives pour moi. Mais nous, nous avons apporté notre touche.
On leur a fait comprendre qu’ils peuvent, de là où ils sont, créer des emplois, travailler sans pour autant attendre rien de personne
On s’est dit pourquoi ne pas essayer de cotiser entre nous et de voir sur le plan économique ce qu’on pourrait faire. C’est vrai qu’au début ce fut extrêmement difficile pour nous car certains membres qui étaient dans le groupe depuis longtemps ont quitté du fait qu’on a imposé une cotisation de 2000 Francs CFA à chaque personne qui souhaitait rester dans le groupe. Mais cela a fait que trois ans après, en 2019, on a pu réunir 6.500.000 Francs CFA au moment où je vous parle. Aussi, on a pu intervenir dans beaucoup de domaines au village.
Dans le domaine de la santé, on a aidé à réfectionner le logement de l’infirmier et de la sage-femme. On avait un problème de sage-femme depuis maintenant trois ans et, grâce à ce groupe-là, on a pu régler ce problème depuis le mois dernier. Sur le plan de l’éducation, nous aidons les jeunes en les accompagnant. Aujourd’hui, nous avons acheté une photocopieuse pour le lycée qui permettra aux élèves de se procurer leurs documents gratuitement.
Au niveau de l’hydraulique aussi, nous avons souvent des problèmes de forage, on a organisé récemment des 72h qu’on appelle « Retrouvailles », et durant ces 72h, on a essayé de revoir tous les problèmes de notre communauté. Maintenant, on est en train de voir les voies et moyens pour essayer de régler les problèmes à court, moyen et long terme.
Pourquoi pensez-vous qu’il est nécessaire que les villages collaborent davantage entre eux pour faire face aux défis qu’ils rencontrent?
On prévoit d’organiser une caravane qui va aller dans tout mon village parce que nous sommes une grande communauté. Le village où je suis est le village central mais il y a d’autres villages qui sont autour qui sont tous des parents. Nous pourrons rassembler tout ce monde au sein d’une seule entité et elle prendra en charge les problèmes de la communauté. Nous sommes sûrs que c’est le seul moyen aujourd’hui pour régler nos problèmes. On y est et on croit que cela va marcher.
On avait un problème de sage-femme depuis maintenant trois ans et, grâce à ce groupe-là, on a pu régler ce problème depuis le mois dernier
Quels sont les domaines dans lesquels vous encouragez les jeunes à s’investir pour développer cette partie du Sénégal?
Moi je crois que c’est d’abord au plan environnemental. Je suis un environnementaliste et je crois que sans un environnement sain, on ne peut rien faire. Je crois que cela doit être porté par les jeunes parce que les jeunes c’est le dynamisme et dans l’environnement, il y a beaucoup de choses qui doivent être faites. Je suis convaincu que le développement ne peut pas se faire sans les jeunes et nous sommes en train de les faire travailler pour qu’ils puissent aussi résoudre nos problèmes.
Source photo : Watu Digital Lab
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